Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une très grande joie que j’ai répondu à l’invitation que vous m’avez faite, un vendredi 13, à venir dans cette belle cité méditerranéenne de Nice que j’apprécie particulièrement, pour vous parler de mon pays l’Iran et de mes compatriotes qui luttent quotidiennement pour la liberté, le respect de leurs droits fondamentaux et des Droits de l’Homme. Mais aussi de la paix et de notre avenir commun.
Mon pays à une position géostratégique de première importance. Ses orientations politiques ont un impact fort sur le Moyen-Orient, l’Europe et le monde.
Hélas, depuis 37 ans une dictature théocratique, premier soutien au terrorisme islamiste, dirige l’Iran.
J’insiste toujours qu’on distingue l’Iran du régime de la République islamique. Car ce régime a des intérêts opposés à ceux du peuple iranien. Il ne recherche absolument pas ni la sécurité et ni le bien être de mes compatriotes, mais poursuit un seul but : l’exportation par tous les moyens de son idéologie radicale.
Si on porte un regard attentif aux différentes crises au Moyen-Orient, et qui touchent de plus en plus l’Europe, nous y voyons clairement le rôle néfaste du régime islamique :
- Dans la guerre en Syrie avec le soutien financier et militaire à la dictature de Bashar El-Assad,
- Dans le conflit israélo-palestinien avec le soutien financier et militaire aux groupes islamistes comme le Hamas,
- Dans la crise libanaise avec le soutien financier et militaire au Hezbollah,
- Dans le soutien aux talibans en Afghanistan pour mettre en difficulté les forces de l’ONU pour la paix et la reconstruction,
- Dans la déstabilisation de l’Irak à travers le développement voulu du conflit entre les sunnites et les chiites,
- Dans la guerre civile au Yémen avec le soutien militaire et financier aux Houthis,
- Dans la déstabilisation de Bahrein,
- Et enfin sa responsabilité première, dans l’émergence de Daesh et les horreurs commises par ce groupe.
Les provocations et les tensions sont une stratégie que la République islamique privilégie depuis toujours. N’oublions pas que l’acte fondateur de ce régime terroriste a été en 1979, la prise d’otage des diplomates américains de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran.
Avec l’accord sur le dossier nucléaire, le 14 juillet 2015, certains responsables politiques occidentaux croient que la République islamique est devenu un partenaire fiable avec qui on peut faire des affaires et à qui on peut s’allier pour lutter contre les djihadistes de DAESH.
Voilà deux erreurs qui peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Mais avant d’y venir, je tiens à réaffirmer ici qu’en tant que Président du Conseil National Iranien, j’ai soutenu l’accord sur le nucléaire car il éloigne le risque d’un conflit militaire qui est le pire des scénarios.
C’est une illusion que de penser que l’occident avec son système de valeurs et ses normes juridiques puissent faire des affaires avec une théocratie telle que la République islamique.
L’économie iranienne est aujourd’hui au main d’une mafia corrompu qui ne poursuit que deux buts : l’enrichissement personnel et le financement du terrorisme islamiste pour continuer d’étendre l’influence du régime partout dans le monde. L’Iran est un pays potentiellement riche, mais mes compatriotes vivent de plus en plus dans la misère. A titre d’exemple le salaire d’un professeur de collège est trois fois inférieur au seuil officiel de pauvreté.
Alors ou va l’argent ?
Concernant DAESH il faut garder en esprit, comme Mme Clinton l’a très justement déclaré, que la naissance de cette organisation terroriste est la conséquence de la politique d’ingérence de la République Islamique en Irak et en Syrie.
Croire aujourd’hui, que l’occident doit s’allier à la République islamique chiite pour combattre un Daesh sunnite est une grave erreur d’analyse qui aura des conséquences calamiteuses. N’oublions pas que la république islamique est LE parrain du terrorisme islamiste depuis 37 ans. D’ailleurs, les forces armées du régime qui combattent aux côtés de l’armée de Bashar El Assad n’ont jamais affronter Daesh sur le terrain. Ils combattent uniquement l’opposition Syrienne soutenu par l’occident.
Les erreurs d’analyse quand à l’évolution du régime islamique ne se limite pas uniquement à ses réels objectifs de sa politique étrangère. Elles existent également sur l’évolution de la situation à l’intérieur de l’Iran. Depuis l’arrivé au pouvoir de Mr. Rohani :
- Le nombre de prisonniers politiques s’est accru,
- Les exécutions ont atteint des chiffres vertigineux,
- La Presse est plus que jamais muselée,
- Le chômage de masse demeure confronté à une économie étatisée,
- La pauvreté et même la famine s’étendent dans un pays qui aurait dû être au niveau économique de la Corée du Sud, mais qui en réalité est comparable aujourd’hui à la Corée du Nord,
- L’environnement subit, à cause d’une mauvaise gestion, des dommages irréparables.
Mesdames et Messieurs, aujourd’hui nous ne devons pas seulement nous inquiéter du sort des prisonniers politiques, du nombre croissant d’exécutions et de cas de tortures, de l’absence des libertés fondamentales, de la corruption, du chômage et de la pauvreté, du soutien militaire et financier du régime au terrorisme. Mais aussi de plus en plus de la catastrophe écologique qui vient et qui aura de graves conséquences géopolitiques.
Les principales inquiétudes portent sur l’eau.
Depuis son instauration, le régime n’a prêté aucune attention aux enjeux liés à l’eau.
Le développement urbain non contrôlé, la multiplication de construction de barrages injustifiées, la gestion inefficace des réseaux de distribution d’eau, l’absence de la mise en place d’actions contre la déforestation et la désertification et l’absence de modernisation de l’agriculture accroissent la pénurie d’eau déjà existante.
Et une pénurie d’eau en Iran aurait des conséquences sur la vie de plus de 15 millions de personnes sur 80 millions d’habitants. Soit 15 millions de personnes contraints de quitter l’Iran.
Est-ce cela que nous voulons ?
Voulons-nous 15 millions de réfugiés de plus dans les prochaines années ?
Mesdames et Messieurs, les dirigeants de la République islamique n’ont pas fait ces choix par incompétence. Ils agissent simplement dans le cadre de leurs intérêts et pour atteindre leurs objectifs : Je le répète, exporter leur idéologie radicale partout dans le monde.
Mais ces objectifs ne sont pas ni ceux de mes compatriotes ni ceux des peuples libres.
Les récents évènements nous montrent que nos destins sont liés.
Aucune région du monde ne peut garder ses problèmes pour elle-même sans en faire subir les conséquences à ses voisins.
Et ceci est encore plus vrai pour le Moyen-Orient.
Ici, dans cette ville de Nice, nous éprouvons un rapport intime avec la Mer méditerranée. Elle est une part de l’identité des Niçois car elle est son ouverture et son rayonnement vers d’autres mondes.
Ces mondes pourraient nous paraître lointains mais ils ne sont qu’à quelques heures de navigation, à une distance suffisamment proche pour nous rappeler que le Moyen-Orient partage un espace commun avec l’Europe, et que leur destin sont liés.
C’est pourquoi j’insiste pour dire que le changement de régime en Iran ne doit plus être l’idéal des démocrates iraniens, mais la préoccupation majeure de tous.
Quelles solutions alors ?
La solution ne peut venir que du peuple iranien lui-même. Mais à la condition que le monde libre, et en premier lieu l’Europe, lui en donne les moyens et lui apporte un soutien politique assumé.
Depuis des années, les Iraniens manifestent leur opposition à la République islamique.
Les observateurs qui se rendent en Iran rapportent que la population ne se sent pas représentée par les dirigeants de ce régime.
Le monde a besoin d’Iran.
Mais un Iran sans la République islamique.
Un Iran démocratique, un Iran laïc, un Iran respectueux des droits des minorités et des droits des femmes, un Iran qui pourra aider à la pacification et à la stabilisation de la région.
C’est dans cette perspective que j’ai fondé le Conseil National Iranien pour les Elections Libres.
Mais ce combat, Mesdames et Messieurs, n’est pas seulement notre combat à nous iranien.
C’est aussi le votre.
C’est celui de tous les peuples libres.
Nous ne pouvons pas gagner ce combat contre ce totalitarisme seul.
Et si nous perdons, alors ce n’est pas seulement l’Etat d’Israël qu’ils voudront rayer de la carte, mais aussi l’identité et la civilisation européenne.